Assaut aéroporté sur la Crête
avril 15, 2018La Crête a été lors de la Seconde Guerre Mondiale le théatre de la plus grosse opération aéroporté allemande. En effet un peu plus de 8100 parachutistes allemands ont été largués sur cette île. Celle ci n’est qu’un objectif secondaire dans la stratégie de l’Axe, pourtant celui-ci va y perdre le meilleur de ses troupes d’élites à la veille de son assaut contre l’Union Soviètique, et par la suite n’osera plus engager massivement en tant que tel ses unités de parachutistes..
L’idée d’un assaut contre la Crête s’impose aux allemands suite à leur victoire éclair dans les Balkans. Les survivants du contingent britannique débarqué en Grèce se sont repliés sur l’île et s’appretent à en faire un véritable bastion en plein milieu de la méditérannée orientale. Les allemands ne peuvent laisser se développer une telle menace sur leur flanc sud car de l’île l’aviation anglaise pourrait menacer les puits de pétrole de Ploesti en Roumanie vitale pour l’effort de guerre allemand. De plus le contrôle de la Crête génerait le ravitaillement des troupes Britanniques en Egypte au moment même où Rommel lance une de ses premières offensives.
La Crête étant une île, il va se poser pour les allemands le problème du vecteur de l’invasion: les allemands ne disposent d’aucun moyen naval en méditérannée, et les italiens sont peu enclin à préter des navires suites à leur derniers échecs face à la Royal Navy. Le général Karl Student va alors proposer un assaut aéroporté sur l’île. Une larguage de parachutistes devra permettre de prendre le contrôle des principaux aéroports de l’île permettant l’acheminement de renforts par voie aérienne. De plus une partie des renfort seraient acheminés par voie maritime. Il avance comme argument que la Crête est un terrain bien adapté à ce genre d’offensive car l’île est exigue, la population et les principales instalations sont concentré dans le nord-ouest de l’île Pour la réussite du plan il compte sur 3 facteurs: l’effet de surprise, la supériorité aérienne pour contrecarrer les britaniques et la haute qualité des troupes engagés. Hitler réticent dans un premier temps se laisse convaincre et le 28avril ordonne l’opération Merkur: l’assaut aéroporté de l’île.
Le plan allemand est simple: avec l’appui de la Luftwaffe sans rival, les parachutistes doivent s’emparer des trois principaux aéroports de l’île (Malène, Heraklion, et Rethimno) et de la capitale (La Cané) afin de permettre l’acheminemnt de renforts. Les moyens fournis sont importants.
- 1 régiment d’assaut parachutiste.
- la 7° Flieger Division: division parachutiste qui avec le régiment d’assaut devra capturé les aérodrome crêtois.
- la 5° Gebirg: division d’infanterie de montagne qui sera à la fois acheminé par les airs et par la mer.
- En soutien on trouve le XI° FliegerKorps avec 10 groupe de JU-52 (520 appareils) et 80 planeurs (DFS-230): il sera chargé du largage des parachutiste et de l’acheminement des renforts.
- Le VIII° FliegerKorps avec 150 Stuka, 280 bombardiers et 180 chasseurs qui sera chargé de neutraliser la flotte britannique et d’appuer les troupes au sol.
- Au niveau naval, les allemands réquisitionnent de nombreuses embarcations sur les côtes grecque pour transporter les unités de la 5° Gebirgs tandis que les italiens prêtent deux destroyers et 14 vedettes MAS.
Pourtant le plan de Student comporte de grosses lacunes. les moyens aériens sont insuffisants pour permettre le largage en une seule vague de tout les parachutistes: une deuxième vague en début d’aprés midi est prévu (le temps pour les JU-52 de rentrer, refaire le plein et de revenir). Or du premier largage depend tout le succés de l’opération: les renforts et le matériel lourd ne pourront arriver que si les aérodromes sont capturés. La deuxième faiblesse réside dans l’insuffisance de la protection navale accordée par les italiens aux convois qui partiront de Grèce pour acheminer les hommes de la 5° Gebirg.
Du côté britannique l’offensive allemande n’est pas une surprise, en effet les codes de la Luftwafe ont été percés. Ppourtant les britanniques vont échouer à empécher la chute de l’île. Pourquoi ??? Voyons le dispositif défensif anglais. Celui-ci est composé de 2 éléments: la défense de l’armée sur l’île et la suprématie navale anglaise.
Sur l’île de Crête se trouve en effet 42 000 hommes (dont 10000 grecs) sous le commandement du général Freyberg à qui a été confié la tache de défendre l’île. Mais ces hommes sont essentiellement les rescapés des combats et du rembarquement en Grèce: la pluspart des unités sont désorganisées ou sous équipées . Freyberg ne peut compter que sur 4 brigades (1 anglaise, 1 australienne, 2 Néo-Zélandaises) en état de combattre. Ses moyens lourds sont insuffisants (une poignée de chars, peu d’artillerie…). Enfin la défense aérienne de l’île est inexistante (17 Hurricane et Gladiator !!!). pourtant il dispose d’un atout de taille: l’assaut allemand ne sera pas une surprise et les objectifs enemis sont connus.
Du côté de la flotte on peut penser que les choses iront mieux. Celle ci est commandée par l’Amiral Cunningham. Basé à Alexandrie il dispose de moyen important. Pour défendre les accés de l’île il place à l’ouest et l’est de celle ci deux escadre légère composé de croiseurs. Plus au sud un groupe composé de cuirassés est prêt à appuyer les deux premiers groupes. Mais le dispositif naval posséde la même faiblesse que la défense de la crête: les moyens aériens sont inexistants. Le porte avions (Le Formidable) basé à Alexandrie attend des appareils de rechange suite aux grosses pertes des opérations de Grèce.
On voit donc où se trouve la faiblesse britannique: on connait les plans ennemis mais on manque de moyens pour s’y opposer !
L’assaut commence le 20 mai à 7 heure du matin, et rien ne se déroulera comme prévu dans chaque camp. Les premières vagues de parachutistes et de planeur rencontrent de grosses difficultés due à leur matériel rustique, au terrain difficile et à la présence de l’ennemi sur les lieus des largages. Il n’y a pas d’effets de surprise ! Les pertes sont trés lourdes. Au soir de la première journée l’opération n’est pas loin de devenir un fiasco: aucun objectif n’est attteint. Pourtant le lendemain la situation va se débloquer ! En effet une erreur de la défense anglaise permet la capture de l’aérodrome de Malène et donc l’acheminement de renforts par voie aérienne. A partir de ce moment là, Freyberg ne pourra plus stopper l’avancée des allemands qui ne cesseront de se renforcer !
Du point de vue naval là aussi les choses ne se passent pas comme prévu. Si les britanniques connaissent d’abord des succés en interceptant le 22 les deux convois allemands transportant les renforts par voie maritime, par la suite, sans protection aérienne la flotte va subir de lourdes pertes. Ainsi le 26 et le 27, ce sont le Formidable (réequipés en avions)et le cuirassé le Barham qui sont attaqués et gravement endommgé.
Mais le pire est à venir pour la Flotte. Sur l’île la situation se dégrade tellement qu’une évacuation est ordonné le 26 mai: c’est à la Navy d’en assurer la protection. Elle a lieu du 28 au 31 mai : 18000 soldats sont évacués mais les pertes en navires sont lourdes.
Que retenir ?
Tout d’abord il s’agit d’une nouvelle défaite de la Grande Bretagne avec 17 000 tués dont 2000 marins, 11000 prisonniers, 3 croiseurs coulés et 6 autres navires coulés, 2 cuirassés, 1 porte-avions et 6 croiseur gravemet endommagés.
Du côté allemand si l’objectif est atteint le prix à payer est lourd: 6000 tués dont le quart des parachutistes engagés, et 200 appareils (en majorité des avions de transports) détruit. Pour les allemands c’est trop pour une opération secondaire. Enfin la dernière conséquence sera dans l’emploi des parachutistes par les deux camps: les allemands ne lanceront plus de vastes opérations aéroportés car elles leur semble voué à l’échec: l’effet de surprise ne jouant plus (sans compter que la situation va rapidement se dégrader pour eux: il n’est plus question d’offensive mais de défendre le Reich). Tandis que du côté allié on va employer massivement cette nouvelle arme en Sicile, Normandie, Hollande, sur le Rhin… Avec plus ou moins de bonheur…