Jeu vidéo : une crise sans précédent depuis trois décennies

Jeu vidéo : une crise sans précédent depuis trois décennies

septembre 2, 2024 Non Par Redaction

Le secteur du jeu vidéo, aujourd’hui plus influent que l’industrie cinématographique et musicale combinées, est en proie à une crise sévère. Les licenciements se multiplient depuis plus d’un an dans plusieurs pays, bien que le marché mondial ait maintenu une croissance stable en 2023. Plus de 11 000 professionnels du jeu vidéo ont perdu leur emploi cette année, comme le rapporte Game Industry Layoffs. Cette situation alarmante survient alors que la Gamescom, l’un des plus grands salons du secteur, a ouvert ses portes à Cologne le 21 août.

La fin de l’ère dorée du Covid

La crise actuelle survient après une période de prospérité liée aux confinements dus au Covid-19. Pendant cette période, les consommateurs ont consacré plus de temps aux jeux vidéo, ce qui a entraîné une croissance rapide du marché. Toutefois, cette phase d’expansion rapide a mené à une surproduction. Alors que le temps moyen passé devant les écrans avait grimpé à 16 heures par semaine pendant la pandémie, il est redescendu à 13 heures en 2022.

Une concentration accrue et ses conséquences

Le secteur a également connu une concentration accrue avec de nombreuses acquisitions. Fin 2023, Microsoft a acquis Activision Blizzard King pour plus de 63 milliards d’euros, créant ainsi le troisième plus grand acteur mondial du jeu vidéo. Cependant, dès le début de l’année, ce nouveau géant a supprimé 1 900 emplois. Embracer, une autre entreprise notable du secteur, a connu des difficultés financières majeures, avec 4 500 licenciements, 44 studios fermés et plusieurs projets annulés.

Une crise globale avec des spécificités locales

La crise touche particulièrement les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne et la Pologne, qui sont des hubs importants de production de jeux vidéo. La France, bien que touchée, bénéficie d’une législation du travail qui offre une protection plus solide aux employés, rendant les licenciements plus complexes.

Les investissements incertains des géants du numérique

Les grands groupes technologiques tels que les GAFAM ont parfois mal évalué les opportunités dans le secteur du jeu vidéo. Google, par exemple, a investi massivement dans le cloud gaming avec Stadia, un projet qui a échoué, entraînant la fermeture de studios acquis pour l’initiative. De même, Amazon, malgré l’acquisition de Twitch, n’a pas encore réussi à rendre la plateforme rentable.

Innovations controversées et coût des jeux

Certains studios ont tenté de diversifier leurs sources de revenus en intégrant des cryptomonnaies et des NFT dans leurs jeux. Ubisoft, par exemple, a lancé Quartz, un système de NFT, qui a rencontré une forte opposition de la part des joueurs et des développeurs. Cette initiative a été critiquée pour sa tentative de monétiser l’expérience de jeu de manière perçue comme exploitante.

La crise actuelle pourrait être l’occasion pour l’industrie de revoir ses pratiques, notamment les coûts de développement des jeux. Avec des budgets de production qui ont explosé, comme celui du dernier Spider-Man évalué à 300 millions de dollars, il est pertinent de se demander si le secteur ne devrait pas adopter des approches de production plus économes.